Les lettres -
Lettre #1 - Intro
J’ai toujours voulu envoyer des lettres.
Souvent, avec ma conjointe, nous rions sur mon sort. Je suis né dans la mauvaise époque et je crois que mon manque d’interêt pour les choses nouvelles, secrètement, l’exaspère. Bien que mon parcours professionnel m’ait offert le luxe de côtoyer de très près les réseaux sociaux, je suis convaincu que nous avions déjà tout et spécialement l’élégance du coeur. Je ne vous imposerai en revanche pas l’indélicatesse du « c’était mieux avant », je ne le pense pas. Pour preuve, je vous écris cette lettre depuis mon ordinateur et je la timbre par un petit clic, sous une note artificielle stridente, morceau extrait de la symphonie qui assomme. De la même manière, mes photos sont prises sur des bouts de plastique translucides pour être ensuite bonifiées depuis un software (soft, ça ne veut pas dire doux?) et partagées depuis la toile (tiens, tiens!). Vous voyez, je suis un homme dématérialisé!
Enfin, le temps est venu de vous proposer ces lettres, ces essais, ces photos et ceci sans la moindre trace de salive sur votre exemplaire!
Ces échanges porteront sur le beau, majoritairement, parce qu’il n’y a que ça. Dans ce papier algorithmé je pourrais aussi parler de mes expériences, aborder mon quotidien d’artisan ou bien évoquer mes longues marches, appareil à la main. Bien sûr, la photographie viendra étayer mon propos, ou le noyer. On verra, j’adore les contradictions!
Nous sommes un après-midi d’hiver, le 16 janvier, à Barcelone, je vous écris depuis un canapé accompagné d’un vieux radiateur à huile. Nous gelons matin, midi et soir et ce dernier est à bout de souffle pour nous offrir un peu de chaleur. Mes doigts qui gesticulent sur le clavier réchauffent légèrement la pièce et ceci c’est grâce à vous, alors,
Merci.
Nous continuons l’échange épistolaire, si vous le voulez bien, par ici.
Chaleureusement, du coup.
G.